L'Art nouveau est un mouvement artistique de la fin du XIXème et du début du XXème siècle, également appelé selon les pays : Jugendstil, Sezessionstil, Arte Joven, Nieuwe Kunst, Stile Liberty, Modernismo, Style sapin, Modern Style ou Tiffany (d'après Louis Comfort Tiffany aux États-Unis), bien que la plupart de ces styles se différencient légèrement les uns des autres.
En France, l'Art nouveau était également appelé par ses détracteurs le style nouille en raison des formes en arabesques caractéristiques, ou encore le style métro en référence aux bouches de métro parisiennes réalisées en 1900 par Hector Guimard.
Les fondements théoriques de l'Art nouveau apparaissent en Grande-Bretagne, avec l'émergence de la mouvance Arts & Crafts et les thèses de William Morris, John Ruskin. Ennemis des dérives de l'industrialisation et de l'assèchement créatif qu'elle entraîne, ils prônent un retour à l'esprit des guildes médiévales, à l'étude du motif naturel, à l'emploi de formes épurées : la régénération de la société ne se fera que par la vérité des formes qui l'entourent et dont elle use.
En France, le propos est moins moraliste et plus rationnel : Eugène Viollet-le-Duc ne rejette pas le matériau moderne (le fer notamment), mais veut au contraire l'afficher en lui donnant une fonction ornementale et esthétique, à la manière des structures gothiques du Moyen Âge. Paradoxalement connu comme un restaurateur, Viollet-le-Duc sera l'inspirateur de nombreux architectes de l'Art nouveau.
C'est ainsi qu'en 1893 est érigé à Bruxelles, par Victor Horta, l'Hôtel Tassel, considéré comme le tout premier édifice Art nouveau, où la fluidité des espaces fait écho aux courbes végétales qui investissent ferronneries, mosaïques, fresques et vitraux - éléments tant structures qu'ornements, dans la plus parfaite ligne de Eugène Viollet-le-Duc.
L'expression Art Nouveau est employée pour la première fois par Edmond Picard en 1894 dans la revue belge L'Art moderne pour qualifier la production artistique d'Henry van de Velde. Elle passe en France, lorsque, le 26 décembre 1895, elle devient l'enseigne de la galerie d'art de Siegfried Bing, sise 22, rue de Provence à Paris. Y exposent de grands noms des mouvances symbolistes et Art nouveau : outre van de Velde, citons Munch, Rodin, Tiffany ou encore Toulouse-Lautrec. Empruntant une voie plus solitaire, Hector Guimard fait figure de génie prolifique et isolé, créant son propre univers, le style Guimard.
Mais c'est Nancy qui va se constituer le plus bel ensemble d'Art nouveau français, lorsque, ne souhaitant pas rester sous administration allemande après l'annexion de l'Alsace et de la Moselle en 1870, beaucoup de Lorrains-annexés passent en Lorraine libre. L'Art nouveau y devient le moyen d'expression d'un régionalisme revendiqué ; Émile Gallé (voir l'Hôtel Hannon de Jules Brunfaut), Daum Frères, Jacques Grüber et bien d'autres, donnent une assise au mouvement en créant l'École de Nancy.
Ces créateurs authentiques sont vite rattrapés par le succès d'une mode dont ils sont (involontairement) les inspirateurs, et qui triomphe à l'Exposition universelle de Paris en 1900, notamment dans une bibeloterie envahissante (dénoncée par Bing et van de Velde) qui ternira pendant longtemps la mémoire de l'Art nouveau.
L'Art nouveau est le fait d'une génération d'artistes qui sortent de leur tour d'ivoire pour prendre en main le décor de la vie et couper avec l'exploitation - malhonnête ! - des styles du passé afin de proposer une alternative à un historicisme officiel qui empêche le renouveau des formes.
C'est dans cette optique que les anciens matériaux comme le bois, la pierre ont été élégamment mariés avec les nouveaux comme l'acier, le verre. Pour chacun d'eux, des artistes ont poussé leurs recherches à l'extrême pour en tirer le meilleur. C'est ainsi que les pâtes de verres multicouches, les rampes d'escalier à entrelacs de ferronneries, les meubles aux ondulations de bois ont permis de mettre l'art à disposition de tous pour un coût abordable tout en gardant une volonté d'innovation formelle, inspirée de la nature.
En effet, les motifs habituellement représentés sont des fleurs, des plantes, des arbres, des insectes ou des animaux, ce qui permettait non seulement de faire entrer le beau dans les habitations mais aussi de faire prendre conscience de l'esthétique dans la nature.
L'utilisation de l'acier a aussi permis l'évolution architecturale des immeubles de plus en plus hauts pour réaliser enfin des gratte-ciel.
Après la Première Guerre mondiale, un nouveau mouvement artistique prendra la relève : l'Art déco (1920-1940).
L'Art nouveau a laissé de nombreuses œuvres dans les villes de Nancy et Bruxelles qui furent des centres de développement de ce mouvement.
Il est également intéressant de noter que Riga contient la plus grande concentration d'Art nouveau en Europe.